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Friedrich Nietzsche : et si un seul aspect astrologique faisait l’homme ?

Il y a des périodes de vie où j’aime me replonger dans certains livres et certains auteurs, et dans le temps actuel j’ai pris plaisir à retrouver un vieux compagnon de route : Friedrich Nietzsche.

Peu d’oeuvres m’auront autant marqué que son “Ainsi parlait Zarathoustra” (en bien) ou que son “L’Antéchrist” (en plus difficilement “compréhensible”, violent).

Je ne vais pas faire une dissertation philosophique de son œuvre -déjà car je n’en ai pas le niveau- mais surtout pour me concentrer ici sur ce qui nous intéresse : les données astrologiques !

Quelle personnalité clivante, borderline, et pourtant à la fois géniale, quand on lit certains passages, on croirait des textes tout droit sortis d’un Bélier ou d’un Mars fort, avec des tons accusateurs, une violence des propos, une agressivité, un côté tranchant, corrosif… Or son Soleil est en Balance et son Mars en Vierge, pas vraiment des archétypes réputés “belliqueux”, bien que Mars soit bien dignifié en exaltation en Maison 10, puis conjoint Mercure.

Bien sûr, souvent derrière dans ses textes il y a sous jacente une importante recherche d’équité, une soif exacerbée de justice, de noblesse d’esprit, avec des idéaux puissants, utopistes même (un côté un peu dans une éternelle “crise d’adolescence”, révolté), un mélange de forces transpersonnelles importantes, non sans une bonne dose d’ailleurs d’accent prométhéen uranien, voire même anarchiste et athée (pour Nietzsche “Dieu est mort et il le reste, et c’est la société humaine qui l’a tué”) : il y a tout ce contraste en lui d’une recherche de pureté originelle mais de refus de compromission, de concession, et au fond d’ouverture sur une foi émotionnelle réceptive plus “naïve” (Lune Sagittaire conjoint noeud nord en Maison 1), il démontre une “humanité clivante et contestatrice” qui cherche à se construire par son indépendance et opposition par rapport au divin.

Pour reprendre la thématique de mon article récent, on peut dire que Nietzsche avait beaucoup de facilités sur la voie de la connaissance, qu’il a approfondi à outrance, prenant plaisir à jongler avec les concepts, les idéaux, et à les démonter même, mais énormément de mal avec la voie de la dévotion / soumission, qu’il comprenait beaucoup d’une manière “déformée” selon son propre prisme, ses propres limites.

Et souvent, très souvent, pour ne pas dire de manière omniprésente, il y a dans ses écrits ce côtoiement du “néant”, ce ressenti du vide, cette confrontation à l’abîme intérieur qu’il décrit souvent si bien et de bien des façons, souvent torturé, que ce soit au niveau personnel ou social, décrivant la confrontation de ce qu’il appelle au sens large la “décadence” et la nécessité de sublimation et de métamorphose de la personnalité (vers le “surhomme”, dans une nouvelle appropriation de sa puissance, de son propre pouvoir)…

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Comprendre le thème natal de Nietzsche, c’est avant tout comprendre son opposition franche Soleil / Pluton !

C’est réellement l’aspect “qui transpirent” sur tous les autres, presque pour caricaturer, on enlèverait toutes les planètes et on ne garderait que ces 2 là, on comprendrait toujours tout de Nietzsche et de son œuvre, sa noirceur, sa puissante force de destruction, sa volonté de transformation et de métamorphose, ses côtés facilement misanthropes, comme toute la “Calcinatio” alchimiste (processus plutonien) qu’il a vécu de l’intérieur et qui a d’ailleurs fini par le consumer dans la folie totalement sur la fin de sa jeune vie.

On voit qu’en 1888, au moment de l’aggravation de sa maladie, de sa folie, Pluton atteignait sa conjonction noeud sud / Lune Noire de Maison 7, et qu’en 1900 à sa mort, la planète avait peu progressé, c’est déjà un aspect par essence de “purge karmique” très importante, et qui a duré fort longtemps.

C’est réellement une clé d’interprétation importante à comprendre pour tout “étudiant astrologue” d’ailleurs : il ne sert à rien de se perdre dans des méandres d’aspects astrologiques ou de lister les positions en signes / maisons, si l’on trouve vraiment “le sens fondamental” du thème (son “fil” pourrait on dire), l’aspect qui le commande, ses facteurs importants, tout le reste devient presque “de la figuration”, même son carré Lune / Vénus, ayant pourtant une charge karmique également très importante ici (et c’est un conflit interne d’Anima que l’on retrouve aussi dans ses écrits), se subordonne à ces forces plutoniennes…

Entraînez vous sur son thème, ne retenez que l’axe d’opposition Soleil Balance / Pluton Bélier, à l’exclusion de tout le reste, réfléchissez à cette simple implantation et vous définirez bien le personnage !

Par analogie, on peut dire que “lire Nietzsche” nous fait donc entrer en plein dans des influences solaires qui sont impactées par des forces plutoniennes, on perçoit les mécaniques qui sont en jeu, cette sorte d’abrasion de la personnalité, cette “autolyse” qui se joue au niveau émotionnel, Pluton revient presque à chaque page, comme une sorte de rouleau compresseur qui vient tester les limites (“l’éternel retour”, autre concept nietzschéen très lié au mythe de Sisyphe), où comme il l’a lui même si bien dit “ce qui ne tue pas rend plus fort” (oui cette citation vient de lui à l’origine également, comme il est aussi à la racine du développement moderne du concept de “nihilisme”, ce n’est pas pour rien).

Pluton, si on lui laisse le temps, représente bien cette “galvanisation” de la personnalité, et pour peu que l’on arrive à “croire”, au moins à terme, à son pouvoir transformateur sain lorsque l’on est au coeur de la tempête, comme à désamorcer ses différents aléas mortifères possibles, “croire” qu’un lendemain meilleur est possible et que les choses ont malgré tout toujours un sens…

Mais Nietzsche n’a probablement pas eu le temps d’atteindre réellement ce stade là de transformation (cette “galvanisation”), son noeud nord Sagittaire était très compliqué à pleinement développer, pris dans beaucoup d’antagonismes de personnalité (notamment avec les planètes personnelles Vierge, sa dominante mercurienne), il n’aidait pas à “la croyance spontanée”, en l’ouverture sur la “bonté divine”, on peut dire clairement qu’il visualisait plus le “Ainsi soit il” chrétien au travers de l’expression de la fatalité plus que de la dévotion et de la divinité, il était très difficile pour lui de “ressusciter dieu” à l’intérieur de lui, qu’il percevait “mort”…
Il y aurait d’ailleurs beaucoup d’éléments à évoquer dans la relation à son père (archétype solaire), dont il parle beaucoup, directement ou métaphoriquement dans son oeuvre.

Sa dernière oeuvre “lucide” avant la démence et la mort, son livre un peu autobiographique “Ecce Homo, Comment on devient ce que l’on est“, forme un témoignage puissant du combat contre la société et en premier contre lui même qu’il a mené, mais il donne aussi des indices importants qu’il avait probablement beaucoup trop de choses à consumer encore et beaucoup de violence interne en lui qui, faisant trop intégralement partie de sa structure, ne pouvaient pas ou plus donner de “fruit harmonique plus doux” au sein de cette existence….
Je ne résiste pas à reproduire quelques extraits plus bas, les tonalités plutoniennes ne sont guère dures à trouver !

Probablement que son destin n’était pas là, “dans la douceur” (il aurait probablement d’ailleurs même honni ce concept ! vouloir une vie qui soit juste “douce” ? quel intérêt d’une telle fadaise ?), il avait à marquer l’histoire de son exemple, de ses œuvres, de ses énergies plutoniennes, du témoignage indirect de son vécu intérieur du processus de “Calcinatio”, de son ressenti de ces forces présentes au sein de l’inconscient collectif, alors que rappelons le, cette planète Pluton ne sera découverte réellement que près d’un siècle après sa naissance seulement, un peu avant la seconde guerre mondiale (d’ailleurs le régime nazi a qui l’on attribue les forces plutoniennes s’est aussi beaucoup attribué des écrits de Nietzsche).

Probablement que la force de Pluton dans le Bélier, que Rudhyar interrogeait comme étant la position d’exaltation de cette planète (voir Maitrises), a pu jouer énormément face a l’archétype solaire Balance, par nature plus doux et conciliant, et cela énormément au travers de mécanismes de Projection (de “sentiment d’agression”), lui faisant beaucoup plus facilement ressentir la violence plutoniennes “par les autres”, en face de lui, en devant s’y confronter ou la subir, une “configuration Nietzschéenne” où il est peu simple de trouver un apaisement, mais où cela peut beaucoup activer “la blessure” (et le rejet violent, l’acidité, le repli, la solitude, comme l’incarne bien son personnage Zarathoustra !), mais il a donc pleinement mené ce combat.

Il n’est pas question évidemment d’extrapoler ce cas particulier en généralités, chaque personne a une influence plutonienne dans son propre thème natal et toutes sont différentes, donc l’on peut supposer réellement une variété de mécanismes de sublimations potentielles de ce type d’aspects plutoniens en tension (touchant Animus ou Anima d’ailleurs).
N’hésitez pas si vous avez des influences plutoniennes puissantes à poster d’ailleurs vos commentaires…

Si vous avez un écrivain que vous aimez bien, en analysant son thème, essayez justement de déterminer “l’aspect astrologique” qui a dominé sa vie, son oeuvre, son destin, vous serez peut être surpris… 🙂

Je vous invite à lire ces quelques extraits de son livre Ecce Homo, notamment le dernier paragraphe, clairement on ne peut plus emblématique des influences plutoniennes :

Celui qui sait respirer l’atmosphère qui remplit mon oeuvre sait que c’est une atmosphère de hauteurs, que l’air y est vif. Il faut être créé pour cette atmosphère, autrement l’on risque beaucoup de prendre froid. La glace est proche, la solitude est énorme — mais voyez avec quelle tranquillité tout repose dans la lumière ! voyez comme l’on respire librement ! que de choses on sent au-dessous de soi !
[…]


Le degré de vérité que supporte un esprit, la dose de vérité qu’un esprit peut oser, c’est ce qui m’a servi de plus en plus à donner la véritable mesure de la valeur. L’erreur (c’est-à-dire la foi en l’idéal), ce n’est pas l’aveuglement ; l’erreur, c’est la lâcheté… Toute conquête, chaque pas en avant dans le domaine de la connaissance a son origine dans le courage, dans la dureté à l’égard de soi-même, dans la propreté vis-à-vis de soi-même. Je ne réfute pas un idéal, je me contente de mettre des gants devant lui… Nitimur in vetitum, par ce signe ma philosophie sera un jour victorieuse, car jusqu’à présent on n’a interdit par principe que la vérité.
[…]

On le voit, je ne voudrais pas que l’on estime trop bas l’impertinence ; elle est de beaucoup la forme la plus humaine de la contradiction et, au milieu de l’excès de faiblesse moderne, une de nos premières vertus. Elle peut même être un véritable bonheur quand on est assez riche pour cela. Un dieu qui viendrait sur la terre ne devrait pas faire autre chose que des injustices. Prendre sur soi non pas la punition, mais la faute, c’est cela qui serait véritablement divin.
[…]

La guerre, par contre, est une autre affaire. Je tiens de nature les aptitudes guerrières. L’attaque est, chez moi, un mouvement instinctif. Pouvoir être ennemi, être ennemi — cela fait peut-être supposer une nature vigoureuse ; de toute façon c’est une condition qui se rencontre chez toute nature vigoureuse. Celle-ci a besoin de résistance, par conséquent elle cherche la résistance. Le penchant à être agressif fait partie de la force aussi rigoureusement que le sentiment de vengeance et de rancune appartient à la faiblesse.
[…]

La force de l’agression peut se mesurer à la qualité de l’adversaire plus puissant, ou d’un problème plus dur, car un philosophe qui est belliqueux engage la lutte même avec les problèmes. La tâche ne consiste pas à surmonter les difficultés d’une façon générale, mais à surmonter des difficultés qui permettent d’engager sa force tout entière, toute son habileté et toute sa maîtrise dans le maniement des armes — pour se rendre maître d’adversaires qui vous soient égaux… L’égalité devant l’ennemi — première condition pour qu’un duel soit loyal. Quand on méprise on ne peut pas faire la guerre ; quand on commande alors que l’on se sent en présence de quelque chose qui est au-dessous de soi, on ne doit pas faire la guerre.
[…]

Puis-je hasarder d’indiquer encore un dernier trait de ma nature qui, dans mes rapports avec les hommes, n’a pas été sans me créer des difficultés ? Je suis doué d’une impressionnabilité absolument inquiétante du sens de la propreté, de sorte que je perçois physiologiquement l’approche — que dis-je ? — l’intimité de la nature la plus cachée de l’âme que j’ai devant moi. Je la flaire. Grâce à cette impressionnabilité j’ai comme des antennes psychologiques à l’aide desquelles je puis tâter et palper toutes sortes de mystères : toute la pourriture cachée qui croupit au fond de certaines natures, mais qui tire peut-être son origine de quelque vice de sang dissimulé par l’éducation, je la perçois presque toujours dès le premier contact. Si j’ai bien observé, ce genre de natures, incompatible avec mon sens de la propreté, devine généralement la méfiance que m’inspire mon dégoût. Cela ne leur fait pas avoir une meilleure odeur…

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4 réflexions sur “Friedrich Nietzsche : et si un seul aspect astrologique faisait l’homme ?”

  1. … je prends la suite de la conversation. Je n’ai pas réussi à lire plus de 2 chapitres je crois de Zarathoustra. j’ai écouté la version orchestrée de Strauss, et de même, passées les premières minutes, je m’ennuie profondément et le sens m’échappe. Je crois à l’aspect prophétique de la folie, qui perçoit probablement des influences imperceptibles au “commun des mortels” et probablement profondément perturbantes (les antennes de l’écrevisse-scorpion? que Nietzsche évoque d’ailleurs dans l’extrait que vous avez cité) donc je comprends que vous parliez de texte prophétique. Cependant, l’impression que j’ai eue en lisant des textes sur la folie est justement que la prémonition, la prophétie est noyée dans les “disjonctages” de la folie, ce qui rend justement la folie pour ce qu’elle est, et non une lucidité calme qui perçoit enfin les choses telles qu’elles sont. Donc si je peux reconnaitre une certaine clairvoyance dans certains paragraphes de Nietzsche, j’ai l’impression qu’elle est inextricable de tout le reste, ce qui en occulte l’aspect de “vérité pure”. Je me demande d’ailleurs si ce n’est pas le rôle de la folie, de délayer une vérité trop insupportable pour qu’elle ne soit pas accessible à l’esprit conscient et ne puisse pas créer de dommages… Mon point de vue.
    Un peu comme un poisson pris dans un filet de pêche, certes il y a le poisson, mais il faut enlever toutes les mailles du filet pour pouvoir y accéder, et les mailles ne sont pas comestibles.
    Je n’irai pas plus loin, je ne suis déjà plus très sûre de me comprendre et de pouvoir être comprise.

    1. Christophe GUILLAUME

      Oui il est certain que ce n’est pas forcément une oeuvre accessible à tous facilement…
      A mon sens, si dans son thème natal on a des “difficultés” avec les énergies de Mars, de Pluton, de Jupiter, de la Lune, on ne percevra pas ces écrits là de la même façon…
      Ce que vous dites sur la “folie” est très juste, cependant je ne pense pas du tout que Nietzsche était fou au moment de l’écriture de ce livre, tout du moins pas plus que ses “bases décalées” de naissance, il n’avait pas de pathologie particulières à ce moment à ma connaissance.
      Ce livre est à analyser beaucoup “métaphoriquement”, certaines clés de compréhension ne peuvent se mettre en lumière que dans une mise en perspective à plusieurs étages / profondeurs…
      Il a beaucoup je crois mis en garde en quelque sorte sur des dérives de société, et a voulu montrer une forme de chemin de sortie, pas pour tout le monde d’ailleurs, mais pour des personnes “comme lui” en priorité…

  2. Un homme d’une intelligence supérieure, c’est certain ! :).

    Quant à l’humanité, elle devra se surpasser à l’avenir, tendre vers le Surhomme . Selon moi, cela sera cela ou l’extinction de notre espèce lol .

    Merci pour l’article.

    1. Christophe GUILLAUME

      Oui je pense que Nietzsche aurait vraiment pu apporter énormément plus de choses au monde si la maladie n’avait pas eu raison de lui si précocement……. Son “Ainsi parlait Zarathoustra” est une sorte de réflexion sans fin.
      Sur le Surhomme, je crois aussi qu’il était prophétique, mais ce qu’il a dit avait des siècles d’avance et n’a pas été pleinement compris dans son époque, ni d’ailleurs encore dans la nôtre je crois…. Mais ses textes resteront dans l’histoire et marqueront les générations suivantes !
      Merci Jules pour votre témoignage, j’espère que vous ne souffrez pas trop de cette pandémie qui s’éternise…

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