Krishnamurti, la vérité est un pays sans chemin

Jiddu Krishnamurti fait partie des personnalités influentes au niveau philosophique et spirituel du 20ème siècle (contemporain de Ramana Maharshi qu’il a d’ailleurs rencontré), et pour cause, il a eu une vie vraiment “hors du commun” !

Toute sa vie, il a lutté contre le conformisme, pour la recherche de la liberté individuelle et en prônant une éducation différente des modèles traditionnels.

A l’age de 14 ans, il est repéré “par hasard” par le leader de la société théosophique, Charles Webster Leadbeater, qui ressent une énergie particulière en lui.

Il sera élevé par cette société, avec une éducation occidentale et spirituelle particulière, et destiné à devenir un “instructeur du monde” (une sorte de messie que la société théosophique voulait projeter sur lui).

Cependant, à l’age de 34 ans, dans un discours qui resta célèbre, il rejeta ce rôle, ainsi que la société théosophique déclarant que : “la vérité est un pays sans chemin, qui ne peut être atteinte à travers aucune organisation, religion ou autorité spirituelle” (cette prise d’indépendance fut fondamentale pour préserver l’intégrité de son message ultérieur).

Il a poursuivi son chemin seul, de manière indépendante, focalisant ses enseignements sur la nature de la liberté, sur l’importance des conditionnements (dont il faut savoir se détacher), pour atteindre la perception la plus directe possible des choses (exempte de système de pensée, de valeur ou de croyance).

Toute l’ambiguïté, c’est qu’il voulut se détacher du système hiérarchique traditionnel (“maitre / disciple”), mais qu’il fut lui même considéré comme un maitre de son vivant, et qu’il finit bien, d’une certaine façon, par réaliser la prophétie de la société théosophique qui le prédestinait à être un “instructeur du monde” (ce qu’il fut devenu à sa façon, même si c’était pour nous enseigner justement de ne se subordonner à aucun maitre !).

Les limites de son enseignement comme il l’expliquait lui même, c’est aussi que chacun est face à soi même pour trouver des réponses, dans sa propre liberté d’âme individuelle, et que lui même n’est pas là pour donner une solution psychologique, spirituelle ou philosophique toute prête, toute prémâchée, qui serait universellement valable (rien ne peut dispenser du travail personnel à faire sur soi par chacun, il n’y a aucune recette miracle pour cela, pas “d’accélérateur”).

Son livre principal et le plus important est probablement “Se libérer du connu“, où il ne force personne à appliquer une quelconque doctrine particulière, mais où il invite surtout le lecteur à une prise de conscience, à un examen de ses propres pensées et émotions, pour découvrir à l’intérieur de soi même, ce que signifie justement “d’être libre” (quelle que soit la forme personnelle que l’on veut donner à cela).

Il précise bien que la liberté ne peut pas être jamais apportée “de l’extérieur”, mais qu’elle est une idée qui ne peut qu’être expérimentée directement et empiriquement par l’individualité (souvent dans un mécanisme de révélation à soi même, d’Épiphanie).

Et cela forme un travail évolutif qui demande souvent beaucoup de savoir détruire les anciens conditionnements conformistes ainsi que les barrières mentales que l’on s’est préétablies (par l’éducation, la culture ou la religion de naissance, par toutes les traditions, mais aussi par l’accumulation des expériences passées qui peuvent former un prisme déformant et nous ériger automatiquement certaines barrières).

Pour lui : “Nous vivons dans un monde de concepts et d’idées qui nous emprisonnent. Ce n’est qu’une fois que vous êtes libre de toute croyance, de tout conditionnement, de toute autorité, que vous découvrirez quelque chose d’entièrement nouveau.”

Et le but est de savoir se détacher de cela pour oser laisser être sa propre individualité (ce qu’il a lui même directement connu dans sa vie, avec cette société théosophique qui a cherché à représenter une forme d’autorité sur lui, et à le contraindre à suivre un chemin, dont il a su briser les chaines le moment venu).

Le premier pas de cela réside dans l’importance de la connaissance de soi de manière détachée des conditionnements, sans jugement autocritique, ni comparaison extérieure aux autres (comme il dit également : “Observer sans évaluer est la plus haute forme d’intelligence humaine”, c’est la pure conscience objective sans chercher à y transposer sa propre grille de valeur personnelle qui est forcément “déformée”, et donc déformante).

C’est un travail évolutif qui ne peut être vraiment fait que si l’on arrive à vivre pleinement dans le présent perpétuel sans se retrouver prisonnier du passé ou conditionné par des réalisations futures espérées (c’est comme un renouveau permanent qui se conquiert à chaque instant, un peu comme une effervescence d’émancipation qui bouillonnerait en permanence et ne demanderait qu’à être exploitée et exprimée par chaque individualité au présent).

Les attachements et les dépendances émotionnelles ne doivent pas empêcher cela dans les relations humaines, au risque de se priver de ces évolutions et d’empêcher le contact à l’amour divin véritable (c’est là que naissent autant l’égoïsme, que la possessivité, la jalousie, qui sont comme autant d’écrans de peur et de craintes empêchant de voir la vérité pour ce qu’elle est et d’atteindre la liberté).

“Comprendre la vie, c’est nous comprendre nous mêmes, et cela est à la fois le commencement et la fin de l’éducation”, c’est une des devises de ses écoles.

Pour atteindre cette meilleure compréhension, la véritable méditation est une étape impérative qui aide directement la rencontre avec la réalité dans le silence et la fin du bavardage de l’esprit (pas en encourageant une évasion du réel).

L’état de liberté suppose un questionnement permanent (une remise en cause de l’état d’émancipation en permanence au présent), mais la méditation est justement là pour guider et apaiser nos choix permettant de se rapprocher de ces forces.

Il y a une autre citation de Krishnamurti que j’aime bien également et qui dit: “Ce n’est pas un signe de bonne santé mentale que d’être bien adapté à une société malade.”

Il souligne en cela combien les compromissions que l’on peut faire face à notre environnement finissent à terme par nous nuire dans notre être profond et pour notre réalisation.

C’est un glissement qui peut être si insidieux, qu’à force de tolérer l’intolérable, on finit par accepter l’inacceptable (et notre société moderne nous sollicite beaucoup pour cela, elle en est un exemple vivant).

Donc parfois l’inadaptation, l’originalité, même la marginalité, sont plutôt des signes heureux à prendre comme encourageants pour l’éveil individuel, des indicateurs d’une avancée vers le chemin de sa liberté (plus qu’un handicap nous condamnant forcément à l’échec social).

A terme, Krishnamurti conseillait de toute façon de se détacher des mots et du langage, pour réussir à réfléchir par soi même, dans une expérience personnelle directe et empirique (il voulait que ses propres citations personnelles ne servent qu’à cela).

Trop rares sont en tous les cas les personnalités comme Jiddu Krishnamurti qui ont placé en si haute position la quête vers son émancipation, et c’est ce qu’il a laissé au monde dans ses écoles et son enseignement, dans l’exemple de sa destinée.

Thème natal de Jiddu Krishnamurti

Il est né le 12 mai 1895 à 00h30 LMT à Madanapalle en Inde.

Après tout ce qui vient d’être dit sur son approche du monde, sa philosophie de vie à ce point centrée sur la notion de “liberté”, forcément cela attire beaucoup l’attention sur ses énergies uraniennes !

On voit en cela que son Soleil Taureau est en énergie franche d’opposition à son Uranus en exaltation en Scorpion, ce qui forme une signature particulièrement importante de sa personnalité.

C’est une configuration qui déjà en elle même concentre un important schéma de dualité entre “sécurité et liberté“.

L’aspect d’opposition peut souligner en lui même la lutte importante qu’a pu vivre la personnalité pour rechercher et acquérir cette fameuse liberté, cette fameuse indépendance, autonomie et émancipation (dans une lutte autant contre les autres, contre le monde, que contre soi même).

On voit également en outre qu’Uranus tend à maitriser à la fois la Lune en pointe de maison 11 mais aussi l’Ascendant et la Lune noire Verseau ce qui confirme beaucoup la charge karmique importante que pouvaient avoir ces forces uraniennes sur son individualité (même avec beaucoup un besoin de probablement “surcompenser” autour de celles ci, une excessivité).

Cela me rappelle le thème natal de Nietzsche qui est puissamment signé par une opposition de Pluton au Soleil, avec la prégnance des forces plutoniennes sur son individualité, sauf que chez Krishnamurti c’est la prégnance uranienne qui signe énormément sa personnalité et sa destinée.

Clairement ne jamais négliger la force d’un aspect astrologique touchant un luminaire, dans la manière dont il peut se répercuter puissamment sur l’individualité et l’incarnation.

Le thème de Krishnamurti est sinon assez bien équilibré au niveau élémental.
Il a d’ailleurs une force de Terre puissante, tant sur son Soleil et son Mercure Taureau, que dans son noeud sud Vierge, ce qui a pu l’aider énormément à “poser” son mental, et sa réceptivité transpersonnelle, et qui explique aussi beaucoup la manière empirique et analytique qu’il prône dans son approche philosophique et ses enseignements (son Mercure est en plus assez haut dans la chaine de maitrises).

Il y a d’autres points notables dans son thème, comme l’opposition Lune / Vénus (qui forme un conflit interne à l’Anima), mais cela a probablement plus impacté sa partie privée, émotionnelle et affective, sur laquelle il ne s’est jamais trop étalé (il précisait avec raison que son vécu personnel n’avait pas d’importance par rapport aux messages qu’il avançait, mais on sait malgré tout grâce à sa biographie que son rapport aux femmes n’a pas été évident, il a perdu sa mère quand il était enfant et a eu des amours compliqués).

On voit que dès 1915 et jusqu’à environ 1922, son Soleil progressé a connu importante conjonction avec Pluton et Neptune natals, et selon sa biographie, cette période a correspondu à une expérience spirituelle transformatrice très puissante et transformatrice (une des formes d’éveil de Kundalini assez poussée et déstabilisante selon ses dires, sur l’équilibre de sa psyché).

La phase importante d’opposition du transit d’Uranus à sa position natale, donc ici conjointe à son Soleil, est probablement liée à son expatriation aux USA, à la fondation de ses premières écoles et au développement de sa “célébrité mondiale” (il côtoiera énormément de “personnalités importantes”, avec une influence politique certaines, ce qui lui vaudra aussi à un moment d’être surveillé par le FBI).

En profond libertaire et libertarien qu’il était, à sa mort en 1986, il demande qu’aucun culte particulier ne lui soit jamais voué, aucune commémoration, aucun pèlerinage, et que personne ne revendique une quelconque succession dans ses enseignements, en cohérence avec ce qu’il a toujours enseigné…