Stanislav Grof, un héritier direct de Jung

Si il y a bien une chose qui peut caractériser le travail du psychiatre suisse Carl Gustav Jung, c’est qu’il a cherché à intégrer à la psychologie et à sa pratique toute l’importance de la quête de sens spirituel.

Pour lui, le sens religieux fait partie intrinsèquement de la conscience humaine, et en conséquence beaucoup de choses de la structure même de la psyché tendent à tourner autour de cela !

Ce n’est pas pour rien si, pour constituer sa psychologie des profondeurs, ses concepts d’inconscient collectif, d’archétypes, de Synchronicité, il s’est beaucoup inspiré des disciplines traditionnelles, comme la mythologie, l’anthropologie, les rêves, les religions, mais aussi de disciplines souvent plus ésotériques et métaphysiques, comme l’Alchimie, l’Astrologie, le Yoga, le Yi King…

En faisant cela, il a tissé de nombreuses passerelles hyper importantes, en ne rejetant pas et en opposant pas ces forces, mais bien au contraire en tentant de les comprendre pour ce qu’elles ont à dire ! Surtout dans les définitions mêmes de la vie et de la conscience, qui sont au fond, je le crois fortement, une seule et unique chose au final…

La vie d’un homme étant bien courte, et le chantier tellement immense, que Jung n’a pas pu tout faire de son vivant, il a laissé énormément de choses “en suspens”, mais ce sont comme autant de graines, qui ne demandent qu’à être récupérées et à germer, et il appartient à chacun de les comprendre et de se les approprier !
C’est modestement ce que j’essaie de faire pour la partie astrologique, mais chacun peut avoir sa part à faire dans ce travail là.

Stanislav Grof est un psychiatre d’origine tchèque né en 1931 qui a poursuivi à sa façon ce travail là, en s’intéressant au phénomène de conscience, et en l’explorant, en le poussant, bien au delà de ses bornes traditionnelles et conventionnelles ! (il a d’ailleurs été rejeté par une partie de ses pairs à cause de cela, qui encore aujourd’hui le prennent pour “un illuminé”)

Il a voué sa vie et sa recherche aux différents états modifiés de conscience, aux différentes expériences induites par les drogues, à ce que cela peut apporter de thérapeutique à l’être humain, et aux multiples formes d’état de synchronicité qui sont possibles, et qu’il a d’ailleurs lui même assez largement expérimenté, témoigné et documenté (lire notamment son livre “Quand l’impossible arrive“, qui est un peu son autobiographie sur tout cela).

Pour celui qui s’intéresse aux états modifiés de conscience, son travail est une véritable mine d’or !
Pour celui qui a vécu des “phénomènes surnaturels” dans son quotidien, au point de douter même de sa santé mentale, avec Stanislav Grof il y a de quoi se sentir beaucoup moins seul ! Et d’être capable de mettre des mots sur son expérience !

Car il est vraiment à cheval entre le chercheur scientifique, le trait d’union entre la psychologie, la psychiatrie, et tout ce qui au fond “n’entre pas dans les cases”, simplement car notre paradigme actuel nous empêche de vraiment comprendre ces éléments.

Plutôt que de dire “cela n’existe pas” ou de simplement “psychiatriser” des phénomènes, il s’est interrogé sur ce que cela impliquait dans la conscience si ces éléments avaient une portée supérieure.

De ses dires mêmes, ce qui a changé la vie de Stanislav Grof est sa première expérience qu’il a eu avec le LSD étant jeune (il en aura plusieurs), et qui a drastiquement modifié sa perception de la vie à jamais…

Ce serait trop long à expliquer ici, mais je vous conseille vraiment de lire ses livres très intéressants sur le sujet où il témoigne de cela, des multiples répercussions transpersonnelles que cette expérience a eu sur lui.

Rappelons que le LSD est aujourd’hui une drogue interdite dans beaucoup de pays, dérivée de l’ergot de seigle, et qui a été synthétisée pour la première fois par Albert Hofmann vers 1943 (à qui l’on doit aussi le très bon livre “Les plantes des Dieux“, qui croise ethonobotanisme, anthropologie et répercussions des planètes enthéogènes sur les sociétés).

Mais le LSD est une drogue qui a beaucoup été étudiée au début dès sa création, tant comme médicament pour aider certains troubles psychiatriques (c’est dans ce cadre que Stanislav Grof l’a expérimenté, en tant que substance thérapeutique, comme elle tend encore à être considérée par certaines personnes), que dans le projet MK Ultra, plus militairement (l’armée voulait savoir si elle pouvait en retirer un quelconque avantage stratégique pour faire la guerre).

Stanislav Grof a tissé de très nombreux ponts entre la spiritualité et la psychologie moderne, en la liant aux états modifiés de conscience (quels que soient les mécanismes les produisant), ce qui est une pleine continuité du travail de Jung dans ce que l’on appelle aujourd’hui “la psychologie transpersonnelle”.
C’est un des précurseurs très important dans ce domaine sur cela, voir ses livres par exemple :

• “Psychologie transpersonnelle, une approche pour épanouir sa conscience“
• “Pour une psychologie du futur, le potentiel de guérison des états modifiés de conscience“
• “La voie du psychonaute, encyclopédie des voyages intérieurs“
• “Royaume de l’inconscient humain“
• “Théorie et pratique de la respiration holotropique“

Encore une fois, impossible de résumer ici dans ce court article 60 ou 70 ans de son travail, sans faire des raccourcis énormes sur tout ce qu’il a pu trouver, expérimenter ou confirmer :

• l’importance psychologique de la phase natale et périnatale,
• la confirmation de la nature archétypique commune liée à l’inconscient collectif des différents processus transpersonnels,
• le développement de la thérapie holotropique,
• l’utilité des différentes thérapies transpersonnelles pour accompagner les personnes en phase terminale vers la mort,
• etc etc etc.

Sa masse de travail n’a vraiment pas à rougir par rapport à celle de Jung, mais je vais exposer ici la synthèse de ce qui me parait fondamental !

A mes yeux, et selon ce que j’ai pu vivre dans mes différentes expériences personnelles et transpersonnelles, beaucoup des phénomènes qui sont relevés par Jung et par Grof ne peuvent “s’expliquer” le plus réellement et pleinement que “si la vie est avant tout un phénomène de conscience” en premier lieu…

Il y a 2 grands affrontements possibles dans cette compréhension du monde, très importants à comprendre je crois si l’on veut avancer dans sa compréhension transpersonnelle personnelle.

• Dans la vision matérialiste, cartésienne, scientifique, qui prédomine largement dans notre monde présent, ce que l’on appelle “la conscience” est une conséquence ou un épiphénomène de la biologie : en clair, un corps humain grandit depuis sa naissance, le cerveau se développe, et avec lui émerge la gestion des sens, donc l’apparition de la conscience.

• Je vous invite ici à réfléchir au postulat inverse, à savoir : et si la conscience universelle était déjà pré-existante, et que les êtres humains étaient comme des sortes “d’antennes” prévues pour venir se brancher dessus, la capter, avec “l’archétype humain” comme réglage ? (un chien serait aussi une antenne captant la conscience universelle mais en étant réglée sur l’archétype chien, etc).

Ce ne serait pas la biologie qui créerait la conscience, mais la préexistence de la conscience qui aurait besoin de créer un support pour “se fractionner”.

Dans ce postulat le phénomène de la vie est avant tout et en tout premier lieu un phénomène de conscience fondamentalement.

Ce n’est pas la biologie qui crée la conscience, mais c’est parce que la conscience de l’univers pré-existe que la biologie réussit à créer des organes capables de la percevoir et de l’expérimenter.

Seule la conscience serait susceptible d’être qualifiée d’existence réelle.
Et en conséquence tout se conditionnerait par rapport à cela…

Cela pourrait expliquer différentes choses vécues dans des états de synchroncités majeures, ou des états de conscience modifiée, un peu comme un poste de radio, le cerveau pourrait se brancher sur différentes “fréquences” de la conscience universelle, et ces changements de fréquences pourraient rétroagir avec la conscience individuelle, ces 2 formes de conscience seraient en interaction permanente, et chaque chose se passant dans une forme de conscience (universelle ou personnelle) impactant l’autre forme.

D’où vraiment la très grande importance en tous les cas d’énormément s’interroger sur sa conscience, de bien la comprendre, la remettre en question, la définir…
Car je crois vraiment sincèrement que “la conscience” est probablement un des mots les plus mal compris de notre vocabulaire par l’humanité, tellement il peut avoir de ramifications et tellement on le croit simplifié.

Car ce simple mot “conscience” englobe vraiment le coeur de la vie et rien ne peut se comprendre indépendamment de lui, d’où d’ailleurs ce que l’on recherche quand on veut identifier “le soi”, d’où aussi que les différents grands maitres spirituels comme Ramana Maharshi nous invitent perpétuellement à nous poser la question “qui suis je ?”, car derrière cela se trouve le phénomène de la conscience…

Derrière “qui suis je ?”, il y a la double question à la fois de ce qui est expérimenté par la conscience et de définir “qui” expérimente cela, “qui” est conscient justement, ou de qu’est ce que c’est que d’être conscient, tout en comprenant qu’en réalité absolument rien n’existe en dehors de ces éléments là…

Il y a juste la conscience en elle même et notre conscience d’avoir conscience (le créateur, l’observateur et la chose observée dans une seule unité commune, c’est la meilleure définition que je peux trouver de “la conscience”).

Dans ce cadre, toutes les expériences de conscience modifiée possibles sont comme autant d’occasions de faire bouger notre curseur de cette si importante compréhension de la conscience, aussi il ne faut clairement pas prendre ces expériences à la légère, quelles qu’en soient leurs origines…

Attention du reste, comme le disaient les alchimistes sur les états modifiés de conscience, ce sont des “eaux acides et noires”, très puissantes, elles peuvent permettre beaucoup de choses, mais être très destructrices également au passage !

Pour Stanislav Grof, beaucoup des états qualifiés en psychiatrie de “psychoses” sont surtout simplement des états modifiés de conscience qui s’apparentent à des crises transpersonnelles d’émergence spirituelle, mais qui sont comme des processus violents, incomplets, mal maitrisés, qu’il faut apprendre à reconnaitre et apprivoiser (c’est tout un changement de paradigme).

Si ces sujets vous intéressent, je ne peux que vous inviter à approfondir le travail de Stanislav Grof, car il a poussé le bouchon vraiment très loin sur tous ces sujets passionnants, et il mérite vraiment à mes yeux d’être considéré comme un successeur direct de Jung.

Voir aussi encore ses autres livres :

• Le jeu cosmique
• LSD: De la pharmacologie aux archétypes
• L’ultime Voyage
• A la recherche de soi
• Nouvelles perspectives en psychiatrie, psychologie et psychothérapie: Aux confins de la recherche contemporaine sur la conscience
• Les nouvelles dimensions de la conscience
• Au delà de la mort, les portes de la conscience
• La rencontre de l’homme avec la mort

Thème natal de Stanislav GROF

Du coté de ses influences astrologiques natales, on voit beaucoup de fonctions planétaires au Descendant, avec tout un stellium solaire, Soleil, Mercure, Pluton, Jupiter, Vénus…

On retrouve souvent chez les psychologues et les psychiatres des valorisations importantes de la Maison 7 ou de la Balance, et ici avec des forces plutoniennes très puissantes impliquées, guère étonnant qu’il ait été attiré par la psychologie jungienne des profondeurs.

Il a aussi beaucoup d’autres forces transpersonnelles importantes dans son thème en plus de Pluton, tant du coté de Neptune (marquant son Animus martien) que d’Uranus (plus complexe, à développer karmiquement, et électrisant beaucoup ses forces émotionnelles).

Il a d’ailleurs pour contrebalancer tout ça un ancrage très fort dans la Terre saturnienne au niveau de ses forces émotionnelles lunaires, ce qui a pu énormément l’aider à “garder les pieds sur terre” malgré la multiplicité de ses expériences métaphysiques.

Lors de sa phase de découverte du LSD, apparemment à partir de 1956, son Soleil progressé était sur la cuspide de la maison 8 et Vénus progressée insistait sur Pluton natal, et il y avait aussi Uranus en transit conjoint Soleil progressé sur cuspide de 8, puis on voit aussi Pluton en transit se rapprochant de son Neptune natal (ne pas négliger l’importance du poids plutonien dans tous les états psychiques impliquant une forme de “dépersonnalisation” dans la conscience).

Il a vécu de toute évidence un brassage plutonien très intense et très jeune, une Calcinatio alchimique qui correspond à ce qu’il évoque, un changement drastique à jamais de sa personnalité, un “avant / après” inimaginable, et souvent violent psychiquement et émotionnellement, mais au final hyper transformateur pour se rapprocher positivement de son être réel, de sa réalisation, de son Individuation…